La balade…oui mais laquelle ?

Roc aïda éducation canine

La balade…oui mais laquelle ?

Balade autonome ou balade participative ?
En parcourant les commentaires de posts déplorant, photos à l’appui, les dégradations faites par des chiens laissés seuls, je suis tombée sur des conseils qui m’ont plongée dans un abîme de perplexité. : D’abord, apprendre la solitude au chien en l’inondant de jouets à chaque départ du maître, jouets auxquels il n’a pas accès quand le maître est là ( mouais, voilà, voilà, voilà…) mais c’est un autre sujet , et combiner cette offre ludique pléthorique, par des promenades au cours desquelles il est demandé …de ne rien demander au chien.  » Surtout laisser le faire ce qu’il veut, aller où il veut, renifler ce qu’il souhaite, zéro contrainte, c’est SON moment à lui, ainsi il sera bien détendu ensuite. »…Si je mets les deux bout à bout ça donne :  » file des jouets à ton chien pour combler ton absence et, quand tu reviens, sors-le pour qu’il se balade comme si tu n’étais pas là. »….

Nous connaissons tous les maîtres qui baladent ou plutôt sortent le chien , la laisse dans une main et le téléphone dans l’autre, les yeux rivés sur l’écran, ceux qui lâchent le chien et textotent et ceux qui , en lieu et place de sortie font trois fois le tour du pâté de maison en laisse de 60 cm et au pas de course, tantôt tractant tantôt étant tractés par Mirza mais là, il ne s’agit pas de sorties contraintes  » pffff, faut sortir le chien ! « , non, il s’agit d’un choix savamment opéré, le choix du « vis ta vie, je te suis », un choix de surcroît présenté par ses partisans comme  » respectueux de la nature du chien », un choix  » bienveillant ». Honte à ceux qui oseraient demander quelque chose à Médor alors qu’il a le nez dans le trèfle ou la truffe sur un pissou de chienne ! C’est SON moment, flûte ! Moment que l’idiot qui a les clefs de la bagnole ne va pas lui pourrir en le rappelant ou en lui demandant de s’arrêter. Action qui auraient alors, pour les tenants de la jouissance libre et sans entrave, le même goût pour Mirza que celui que provoque en nous la sonnerie du téléphone alors que nous commençons à nous détendre dans la mousse du bain :  » MEEERDE ! » Pourtant ce concept de balade « autonome » choisie me chiffonne au plus haut point. Pour deux raisons : La première est sociale. Le chien est un animal social, fait pour évoluer au sein d’un groupe. Regarder plusieurs chiens en balade suffit à constater que si l’un renifle quelque chose d’intéressant, les autres vont venir flairer ce dont il s’agit, que si l’un se fige vers une possible proie…les autres intègre immédiatement la scène, que si l’un part au cul d’une bestiole, le reste du groupe va suivre..un chien n’est dans sa bulle que parce qu’on l’y laisse, et on l’y laisse souvent parce qu’il est plus facile quand on a la tête farcie par les cagades de la journée, de ne pas s’occuper du chien autrement qu’en le suivant mollement sur le chemin mille fois emprunté de la balade quotidienne. « SON moment » ?!! Quel moment ? Un moment seul dans  » SA bulle » quand il a été seul toute la journée ? Le top ! Oui renifler est une activité qui occupe le corps et l’esprit d’un chien, oui il est fait pour ça, et ? N’est-il fait QUE pour ça ? Au point qu’il faille opposer le lien social, la relation au maître et cette activité ? Au point qu’il faille faire disparaître l’humain pour respecter la prétendue  » nature » du chien ? Une autre raison qui me déclenche une quinte de toux à la lecture de la description de ces sorties libres, est qu’elles s’accompagnent dans 99,9% des cas de la conviction, pour leurs partisans persuadés d’être dans le vrai, qu’ils  » font le bien » là où  » les autres » sont d’odieux bourreaux coercitifs. Ce petit supplément de bonté d’âme sur le reste de leurs concitoyens leur donne donc le droit…de se foutre des autres et de persister à ne pas rappeler leurs chiens, à ne pas les remettre en laisse, à ne pas anticiper les situations baveuses puisque  » il ne faut pas le priver de sa liberté ! » ,  » c’est un chien tout de même, il a bien le droit d’aller flairer le cucul des autres/ courser le joggeur/ paniquer des chevaux, c’est dans sa nature. »…La balade soit disant  » respectueuse » du chien devient vite irrespectueuse des autres usagers du lieu. Pour ma part, c’est la balade active que je prône, la balade PARTICIPATIVE, celle où le lien se tisse et se renforce, celle où le chien, laissé seul une partie de la journée, va retrouver le plaisir de partager une activité avec son maître. Une activité qui va renforcer l’INSTINCT DE MEUTE, celui qui permet au chien de sentir qu’il appartient à un groupe stable et sécurisant où un leader clair et cohérent prend les décisions. Une balade participative où des temps de jeu alternent avec des temps de marche/petit trot communs, dans le giron du leader et à son écoute. Maintenant on se rassemble, maintenant on marche ensemble, maintenant on change de rythme, maintenant tu peux aller vaquer dans notre proche périmètre jusqu’à ce que …jusqu’à ce que je te rappelle pour anticiper un croisement avec un vététiste, jusqu’à ce que je fasse demi-tour sans prévenir pour te donner le plaisir de me rejoindre et d’être félicité, jusqu’à ce que je te renvoie t’amuser avec les autres ou batifoler sous surveillance, jusqu’à ce que je te demande un  » reste » alors que je continue à faire quelques mètres…c’est ça une balade active, d’où nait et croit le plaisir d’être ensemble et de partager des actions valorisantes et structurantes. C’est dans ce type de balade que la canalisation des instincts se fait, qu’ils peuvent s’exprimer en limitant les risques. L’instinct de prédation pourra y être dirigé vers une balle ou un frisbee et l’instinct de meute renforcé par la valorisation de la proximité du maître et de la coopération avec lui. Le chien se sera non seulement servi de son nez, mais il aura aussi reçu un intérêt et des félicitations saines, obtenus, non pas gratuitement ou machinalement, mais en étant attentif et actif AVEC son maître. Il aura fait travailler son corps et sa tête de manière structurée, ce qui reste une condition sine qua non pour avoir le plaisir de vivre avec un compagnon qui, à la maison, sait se poser et se reposer…donc attendre sans détruire, le retour de son maître. (Evidemment cela ne fonctionne que si en parallèle, l’apprentissage de la solitude débute alors même que la famille est présente au domicile et se poursuit en accordant au chien un lieu de repos clairement défini et adapté ( box,petite pièce, cage d’expo, vary…) tout en banalisant par l’indifférence les allers et venues des humains).
Vous l’aurez compris, pour moi, la balade c’est AVEC mes chiens, pas DERRIERE mes chiens. Nous formons un groupe soudé pas une juxtaposition d’électrons libres qui partageraient uniquement …la voiture

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